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Les fleurs du mal

2020 – Photographies

Confinement 2020.

55 jours d’isolement. 55 jours d’ouverture sur mon monde qui se déforme et se révèle sous mes yeux.

 

Au début, le désemparement, l’angoisse. 

Photographier. Dès le premier jour. Mon horizon clos. Les fleurs sur le balcon de mon appartement parisien et mes quelques plantes d’intérieur.  

Puis les fleurs fanent, passent et il faut en chercher ailleurs. S’aventurer dans des cours d’immeuble, dans les rues vides, chercher les fleurs au pied des arbres, dans des vitrines qui semblent abandonnées.

La quête est toujours plus obsessionnelle à mesure que le temps n’en finit pas. 

Le temps passe, finalement.

Infini il se termine un jour.

 

Je cadre serré, au plus près des fleurs. À chaque fleur, une rencontre amoureuse, risquée, qu’il faut initier. Photographier à fleurs de peau. Traquer des éclats de beauté et de fragilité, déchiffrer l’obscur. Je cherche, expérimente, la nuit, le jour. Photos en couleurs, en noir et blanc. Intérieur nuit ou extérieur jour. Et inversement. Surexposées ou très sombres. Ténébreuses. Ou sensuelles. Le plus souvent les deux à la fois. 

 

Je prends le temps de regarder plus profondément en moi, je voyage dans un autre espace cherchant une connexion renouvelée avec la nature et mes paysages intérieurs.  Mon regard porté sur les fleurs se renouvelle à mesure que je me découvre avec elles.

Dans ses images, j’ai essayé de dévoiler l’ambivalence du moment. Le vide et le (trop) plein, l’absence et la présence démesurée de ces fleurs qui emplissent le cadre. Qui le débordent le plus souvent.

 

Mais la beauté peut devenir menaçante, vénéneuse, la sensualité mortifère, le danger s’immisce partout. Tout est éphémère, la fragilité et la non permanence sont palpables à travers ces transparences, ces pétales onctueux et ces tiges malmenées, tremblées par le vent, ces flous infinis, ces pénombres inquiétantes, ces ombres insaisissables. Le virus peut prendre la forme d’une fleur de pissenlit, belle, fragile, éthérée et menaçante. Comment savoir ?

 

Première série photographique réalisée dans l’urgence du moment, dans la nécessité de rester en lien avec ce monde déformé, qu’on ne reconnaît plus, pour lequel la confiance a disparu. En lien avec mes proches à travers ces photos postées sur les réseaux sociaux.

 

Ces photos se sont ensuite évadées des écrans numériques pour se révéler autrement et se déployer librement sur les pages d’un livre : Les fleurs du mal (édition hors commerce, Le Bec en l’air, 2020).

Retrouvez l’article de présentation de la série par Marion Scemama

dans 9 Lives en cliquant ici.

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